Jean-Claude Parrault
1933 - 2019
Sophie et Romain
Ses enfants
Justine
Sa petite-fille
Stéphane
Son gendre
Vous remercient du fond du cœur pour votre soutien, votre présence, vos fleurs, ainsi que tous vos témoignages bienveillants qui honorent la mémoire de Jean-Claude.
Nous vous proposons de revivre les moments forts de cet hommage, à travers les textes des différents orateurs et les photos projetées ce 14 Octobre au Père Lachaise.
Nous avons le regret de vous faire part également, du décès de sa soeur Ginette, survenu un mois plus tard.
Tu es juste la perfection des papas, et des papis.
Heureusement que j’ai eu le temps de te le dire, normalement on ne dit pas ces choses-là…
Tu m’as tendu un à un les livres de ta bibliothèque, à mesure que j’étais en âge de les apprécier.
Tu ne m’as jamais imposé de chemin, mais tu as été mon guide indéfectible
lorsqu’il m’a fallu trouver le mien.
Ta générosité n’a d’égale que ta bienveillance.
Mon papa, tu fais l’unanimité, toutes générations confondues.
On est bien conscients, Romain et moi, d’avoir affaire à quelqu’un d’exceptionnel.
J’ai mis du temps, après avoir quitté la maison, à réaliser que tout le monde n’était pas comme toi.
Il a fallu s’adapter !
Alors le seul inconvénient avec un Papa comme toi, c’est qu’il a bien fallu te partager…
Avec tes potes bien sûr,
Avec tes frangines et tes frangins,
Avec tes très nombreux amis,
Avec tes filleules et tes filleuls,
Avec tes clientes et tes clients,
Avec tous ceux à qui tu as donné de l’amour, du temps, à qui tu as offert des fleurs ou du chocolat, à ceux et celles que tu as raccompagnés au bout du monde à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, après avoir partagé des lectures, des réflexions profondes ou des blagues complètement nulles.
Et sans aucun doute quelques bonnes bouteilles de vin.
Et puis il y a tous ceux et celles qui portent fièrement tes créations et qui penseront encore longtemps à toi en contemplant leurs mains ou leurs encolures…
Je ne mesure pas encore l’immensité de ma perte Papa,
mais je connais ma chance d’avoir vécu tout ce temps à tes côtés.
Et comme tu me l’as dit la semaine dernière, avant de t’éteindre :
« je t’aime mon amour ».
Sophie
Mon Papounet d’amour,
C’est par ces mots que je t’appelais ces derniers temps.
Tu me répondais : Mon canard je t’aime
Comment parler de toi ?
Je suis arrivé en plein milieu de ta vie, tu avais 39 ans, et une vie déjà si riche…
Combien de vies parallèles ?
Combien d’amis intimes ?
Combien de femmes et d’hommes, ont eu la chance, à un moment de leurs vies,
de partager quelques instants avec toi ?
Je retiendrai de toi, un Papa passionné
Un orfèvre bordélique, capable d’une minutie toute particulière,
que ce soit pour sertir une jolie bague, ou pour repasser ses chaussettes,
Mais avec en parallèle de surprenants petits tiroirs à bordel…
Passionné par ton métier, tu aimais sublimer les femmes, les rendre belles…
Tes nombreuses vies et tous tes amis, réunis ici ne me contrediront pas…
Tes amis, Tes voisins, Tes frangins, Tes tenues…
Tu as toujours été un papa vénérable et vénéré par tous les gens qui ont eu la chance de t’approcher,
et qui ont fait l’effort de te connaître.
C’est vrai que cela n’a pas toujours été facile entre nous, un ado un peu con pas comme les autres, qui n’avait pas choisi la même route, mais qui comme toi, quand il avait un objectif dans la tête mais ne l’avait pas ailleurs si tu vois ce que je veux dire.
Maman est partie trop vite, et même si tu avais refait ta vie, tu as été là, présent Pour elle jusqu’au bout, et tu m’as toujours dit : Romain, tu n’as qu’une mère, alors profites-en pendant qu’elle est encore là...
J’avais 24 ans, je n’avais pas réalisé qu’il était possible qu’elle parte aussi vite
Maman nous a quittés, mais cela nous a rapprochés, nous a permis de grandir, de mieux nous aimer.
Depuis ce jour, nous avons bâti une relation bien au-delà du père et de son fils
Tu étais mon Papa, Mon Ami, Mon Confident, Mon Conseiller, Ma sagesse, Mon Exemple, ma Fierté
Il est vrai que nous avons plus fréquenté les bonnes tables et les cavistes que les salles de sport.
Avec Sophie, nous n’avons pas eu la chance d’avoir tes jolis yeux, mais tu les as transmis à ta petite fille… Une autre de tes fiertés d’être enfin Papi
Moi j’ai hérité de tes blagues pourries…. (Ta petite fille aussi je crois)
Tu as toujours su te rendre disponible pour ta famille, pour tes enfants, pour tes amis, pour tes frères….
Tu es le Nec Plus Ultra des Papa…
Et où que tu sois
JE T’AIME POUR L ETERNITE
Romain
Je ne suis qu’un homme parmi les hommes,
Mais j’ai répondu sous le bandeau et j’ai gravi les trois marches.
J’ai vu l’étoile flamboyante, j’ai fait le signe.
Je suis un maillon de la Chaîne ! La Chaîne est longue.
Elle remonte jusqu’au siècle d’Hiram, et peut-être plus loin encore.
On trouve notre signe sur les pierres dans les déserts de sable sous le ciel pur de l’Orient, dans ces plaines où s’élevaient les temples colossaux, poèmes purs de la puissance et de la gloire.
On trouve notre signe sur les papyrus que l’âge a teinté d’ocre, sur les feuilles où le calame a tracé les phrases les plus belles qu’un être ait pu lire.
On trouve notre signe sur les hautes cathédrales aux sommets sublimes aérés par les vents des siècles.
On trouve notre signe jusque sur les conquêtes de l’esprit qui font l’humanité meilleure, sur la partition de Mozart, sur la page de Goethe, le livre de Condorcet, les notes d’Arago.
Et pourtant, je ne suis qu’un homme parmi les hommes, un homme sans orgueil, heureux de servir à sa place, à son rang, je ne suis qu’un maillon de la Chaîne, mais je me relie à l’Univers dans l’espace et dans le temps.
Je ne vis qu’un instant, mais je rejoins l’Eternel.
Ma foi ne saurait faire couler le sang, je ne hais point, je ne sais point haïr.
Je pardonne au méchant parce qu’il est aveugle, parce qu’il porte encore le bandeau, mais je veux l’empêcher de mal faire, de détruire et de salir.
A ma place, debout et à l’ordre, j’ai travaillé de mon mieux.
Dans toutes les heures de la vie, mon coeur est demeuré fidèle.
Je me suis dépouillé des métaux, j’ai combattu jusqu’à la limite de mes forces le fanatisme et la misère, la sottise et le mensonge.
Je ne crains rien, pas même ce sommeil que l’on appelle la mort.
J’espère supporter la souffrance avec l’aide des miens, je saurai subir ce qui doit être subit parce que c’est la loi commune.
J’aurais dégrossi la pierre, accompli ma tâche en bon ouvrier par l’équerre et le compas.
Quand je partirai, formez la Chaîne.
Rien ne sera perdu de ce qui fut donné. Je resterai toujours parmi vous car je vous laisserai le meilleur de moi-même, oh fils de la Lumière, mes Frères.
Le testament de l’initié
Rudyard KIPLING
François
Mon cher Jean Claude
Après une vie bien remplie te voilà parti pour ton dernier voyage.
Nous te connaissions autrement que ta famille Sophie ,Romain Justine et Stephane et c’est ce témoignage que nous apportons ce midi.
Tu étais de ton métier joaillier sertisseur ;
pierres précieuse ; métier manuel de minutie et de précisions.
Plusieurs d’entre nous, pendant ces longues années ont eu la joie de te te commander un travail et nous avons pu mesurer ta finesse, ton habileté et tes talents créatifs .
Ces bijoux demeurent comme autant de témoins qui nous unissent.
Tu disais un temps que tu étais un des derniers ouvrier-maçons opératifs.
Alors tout naturellement dans notre noble assemblée tu devins un tailleur du vivant .
Ton allure était à la hauteur de la tache ;silhouette ronde dotée d’un regard caractéristique ,
bleu acier, doux et malicieux, un regard pénétrant qui incarné la rigueur dans le
perfectionnement et une bienveillance équilibrée.
Tu savais trouver l’ouverture ,le biais par oú la forme apparait dans le cristal de nos vies
Au delà de cela tu étais d’une grande fraternité, une fraternité exigeante qui savait le rappeler si besoin.
Tes derniers moments terrestres ont été fidèles sur ce point et tu nous quittes apaisé.
A ton poste de « président » tu as toujours défendu nos valeurs avec force et vigueur pour ouvrir nos travaux à ceux qui en manifestaient l’envie. Tu fus alors un rempart contre l’obscurantisme et tu l’es resté devant la fatalité de nos vies qui s’offre à nous dans leur nudité.
Pilier de notre temple naturel mon cher Jean claude tu as accompli ton devoir jusqu’au bout entre bienveillance et ironie mais toujours avec verdeur et détermination.
Nous retenons, entre autre, une de tes pensées :
“j’ai beaucoup progressé ici et j’ai appris à accepter l’inacceptable”.
Tu pars ainsi en pleine conscience, fidèle à toi-même, l’âme généreuse et le corps droit de ceux qui savent se tenir debout.
Alors, au nom de tous, au revoir mon cher Jean-claude.
Pascal
Jean-Claude, mon ami.
Tout aurait pu nous séparer.
Jean-Claude et moi nous sommes rencontrés, la première fois, il y a environ soixante ans.
Oui à la fin des années 50 : je vous parle d’un temps, que les moins de vingt ans..
Monique, sa première épouse et Régine ma future épouse, écolières de l’école primaire de la rue Alexandre DUMAS dans le 11ème arrondissement étaient amies d’enfance. Un soir de l’été 1959, nous fûmes invités, par Jean-Claude Monique, à partager un dîner dans le petit logement qu’ils occupaient au 6ème étage de la rue Alexandre DUMAS. Mémorable soirée, peut-être un peu trop arrosée. Toujours est-il qu’à un certain moment, m’asseyant sur le canapé où stationnait encore un disque vinyle (peut être le Concerto Brandebourgeois n°5 de Jean Sébastien BACH) celui-ci ne résista pas à mon poids et se brisa illico.
Ce disque brisé aurait pu compromettre à jamais nos relations futures. Il n’en fut rien. Au contraire ce déplorable accident scella notre amitié qui ne se démentit jamais, Très souvent nous avons évoqué ce moment unique qui se révéla être un don du ciel.
Car comment résister à l’attraction de Jean-Claude ? J’ai trouvé chez lui la véritable incarnation de ce qu’on appelle un ami.
Nul besoin de se voir, nul besoin de se téléphoner, nul besoin de s’envoyer des courriels à jour fixe, à heure fixe suivant un rituel normalisé. Nous pouvions rester un certain, ou un incertain, temps sans nous rencontrer, mais chaque fois que j’ai eu besoin de lui, ou lui de moi, nous étions présents et disponibles l’un pour l’autre. Je ne vous raconterai pas les différents épisodes de nos retrouvailles souvent joyeuses, parfois ripailleuses, toujours affectueuses et amicales.
Jean-Claude est le parrain de mon fils. Combien avait-il de parrainages ?
Je crois que lui-même ne savait pas les dénombrer.
Un joaillier qui sait comment sertir des diamants a forcément de multiples facettes.
C’était son cas : artiste, créateur, dessinateur, peintre, mélomane, cuisinier, gastronome, polyglotte, amateur de bons vins et de contrepèteries et j’en passe.
C’était aussi un homme tourné vers les autres, un homme cultivé, un homme chaleureux, un homme bienveillant.
Il avait des centaines de clients, il avait des centaines d’amis, c’étaient souvent les mêmes personnes mais parfois c’étaient des gens venus de loin, de très loin tant son charisme rayonnait.
C’est à ma connaissance la seule personne qui a réussi à remplir entièrement le restaurant « Les Diamantaires », rue La Fayette, pour fêter, un soir de printemps, ses cinquante années de carrière dans la profession.
Aujourd’hui j’ai perdu, vous avez perdu, nous avons tous perdu, un père, un copain, un frère, un ami.
Alain