Jean-Claude Parrault
1933 - 2019
Alain
Jean-Claude, mon ami.
Tout aurait pu nous séparer.
Jean-Claude et moi nous sommes rencontrés, la première fois, il y a environ soixante ans.
Oui à la fin des années 50 : je vous parle d’un temps, que les moins de vingt ans..
Monique, sa première épouse et Régine ma future épouse, écolières de l’école primaire de la rue Alexandre DUMAS dans le 11ème arrondissement étaient amies d’enfance. Un soir de l’été 1959, nous fûmes invités, par Jean-Claude Monique, à partager un dîner dans le petit logement qu’ils occupaient au 6ème étage de la rue Alexandre DUMAS. Mémorable soirée, peut-être un peu trop arrosée. Toujours est-il qu’à un certain moment, m’asseyant sur le canapé où stationnait encore un disque vinyle (peut être le Concerto Brandebourgeois n°5 de Jean Sébastien BACH) celui-ci ne résista pas à mon poids et se brisa illico.
Ce disque brisé aurait pu compromettre à jamais nos relations futures. Il n’en fut rien. Au contraire ce déplorable accident scella notre amitié qui ne se démentit jamais, Très souvent nous avons évoqué ce moment unique qui se révéla être un don du ciel.
Car comment résister à l’attraction de Jean-Claude ? J’ai trouvé chez lui la véritable incarnation de ce qu’on appelle un ami.
Nul besoin de se voir, nul besoin de se téléphoner, nul besoin de s’envoyer des courriels à jour fixe, à heure fixe suivant un rituel normalisé. Nous pouvions rester un certain, ou un incertain, temps sans nous rencontrer, mais chaque fois que j’ai eu besoin de lui, ou lui de moi, nous étions présents et disponibles l’un pour l’autre. Je ne vous raconterai pas les différents épisodes de nos retrouvailles souvent joyeuses, parfois ripailleuses, toujours affectueuses et amicales.
Jean-Claude est le parrain de mon fils. Combien avait-il de parrainages ?
Je crois que lui-même ne savait pas les dénombrer.
Un joaillier qui sait comment sertir des diamants a forcément de multiples facettes.
C’était son cas : artiste, créateur, dessinateur, peintre, mélomane, cuisinier, gastronome, polyglotte, amateur de bons vins et de contrepèteries et j’en passe.
C’était aussi un homme tourné vers les autres, un homme cultivé, un homme chaleureux, un homme bienveillant.
Il avait des centaines de clients, il avait des centaines d’amis, c’étaient souvent les mêmes personnes mais parfois c’étaient des gens venus de loin, de très loin tant son charisme rayonnait.
C’est à ma connaissance la seule personne qui a réussi à remplir entièrement le restaurant « Les Diamantaires », rue La Fayette, pour fêter, un soir de printemps, ses cinquante années de carrière dans la profession.
Aujourd’hui j’ai perdu, vous avez perdu, nous avons tous perdu, un père, un copain, un frère, un ami.
Alain